23 mai 2019
Grâce au soutien financier des bailleurs ECHO et UK Aid d’un montant total de un million d’euros, la Croix-Rouge luxembourgeoise a distribué en 2018, en étroite collaboration avec la Croix-Rouge nigérienne, 2.650 abris d’urgence dans la région de Diffa à autant de familles victimes des groupes armés. Chaque abri est doté d’une latrine dans le but de diminuer les risques d’épidémie et, grâce à des formations additionnelles, de promouvoir les bonnes pratiques d’hygiène.
Grâce à l’appui des différents donateurs (en particulier d’ECHO, d’UKAID et de Sida par l’intermédiaire de la Croix-Rouge suédoise), plus de 12.000 personnes déplacées ont reçu une assistance permettant de réduire leur vulnérabilité dans le contexte de la crise du Lac Tchad qui continue d’affecter la zone.
L’équipe sur place qui œuvre pour la Croix-Rouge luxembourgeoise s’est rendue à Toudoun Wada et à Guidan Kadji Bilabrine, deux des sites d’intervention de la commune de Maïné-Soroa, pour rencontrer quelques-uns des bénéficiaires afin d’échanger et d’évaluer l’impact de nos actions sur leurs conditions de vie suite à la distribution des abris et des latrines d’urgence. Voici le témoignage de certains d’entre eux.
Dame Badamassi Hadiza, 25 ans, mariée et mère de quatre enfants, en provenance de Doron Baga (Nigeria), réfugiée au Niger suite au conflit armé.
« Nous sommes arrivés à Maïné Soroa il y a trois ans où nous avons trouvé refuge dans l’enceinte de l’école primaire publique de Toudoun Wada durant les vacances scolaires. À l’époque, nous étions une trentaine de familles vivant dans cet établissement.
Lors de la rentrée scolaire, nous avons été contraints de quitter cet établissement. Le maire de la commune de Maïné Soroa nous a autorisé à nous installer sur ce site non aménagé de Toudoun Wada. Une autre organisation humanitaire nous a distribué des bâches. Nous avons ramassé du bois çà et là pour construire des hangars dépourvus de toute commodité et, surtout, sans latrine.
L’absence de latrine nous amenait à marcher plus loin et dans des lieux peu sécurisés pour aller aux toilettes. Un de nos soucis était de patienter jusqu’à la tombée du jour pour faire nos besoins. Il fallait se faire accompagner ou accompagner les enfants, particulièrement les filles, avec les risques que ces sorties comportaient: morsures de reptiles, enlèvements, viols…
Il a fallu attendre jusqu’en 2018, le projet d’assistance en abris et latrines de la Croix-Rouge luxembourgeoise pour que nous ayons des abris qui correspondent véritablement à nos attentes que nous pouvons appeler enfin ‘maisons’. Ces abris sont grands et spacieux. Nos enfants peuvent même y jouer parce que le problème de poussière ne se pose plus. Notre abri offre la possibilité de le compartimenter pour une meilleure intimité ; nous avons trois pièces : un salon, une chambre parents et une chambre enfants.
Je ne sais pas comment remercier la Croix-Rouge pour tous les efforts à notre égard. »
Dame Binta Ousmane, 42 ans, mariée et mère de sept enfants, en provenance de Doron Baga (Nigeria), réfugiée au Niger suite au conflit armé.
« Cela fait trois ans maintenant que je suis arrivée à Mainé Soroa avec ma famille. Avant de nous installer ici, mon mari était agriculteur et moi, je vendais des arômes, des épices, des légumes et des tubercules au marché de mon village.
Aujourd’hui, par la grâce de Dieu, j’ai repris mon commerce mais cela reste aléatoire car les gens ici n’ont presque pas d’argent et notre vie dépend quasi entièrement de l’aide des ONG opérant dans la région. Mon mari ne travaille plus et ce que nous gagnons reste insuffisant par rapport aux besoins de la famille. Je ne veux pas rester là sans rien faire parce que je suis habituée à travailler et à aider mes proches.
La Croix-Rouge luxembourgeoise nous a permis de retrouver notre dignité en nous donnant des abris qui nous protègent du vent, de la poussière et de la pluie. Dans ces maisons, nous disposons même de latrines. Plus besoin d’aller en brousse durant la nuit pour faire ses besoins. Maintenant, nous pouvons dire que nous avons de ‘vraies maisons’ disposant de commodités et de lumière grâce aux lampes solaires distribuées par la Croix-Rouge luxembourgeoise.
Mon désir aujourd’hui est d’obtenir une maison durable, en banco, à l’image de celles réalisées par la Croix Rouge-luxembourgeoise pour nos voisins vivant dans le quartier.
Depuis quelques jours, notre forage est en panne et nous sommes obligés d’aller chercher de l’eau dans le quartier voisin. Nous souhaiterions que la Croix Rouge-luxembourgeoise nous aide à le réparer. »
Monsieur Katchala Belly, originaire de Gadjiram (Nigeria), marié à trois femmes : Fassouma Belle, Madan Oumarou et Haoua Boderi, père de 16 enfants (huit filles et huit garçons).
« J’avais un cheptel composé essentiellement de vaches à Gadjiram. Mes femmes vendaient du lait et des beignets. Les groupes armés sont venus un jour et ont emporté tout le bétail après avoir commis un massacre dans le village en brûlant nos maisons.
Contraints, pour des raisons sécuritaires, de quitter la région après avoir tout perdu, nous nous sommes installés ici à Guidan Kadji Bilabrine dans la commune de Maïné Soroa.
J’ai passé deux saisons de pluie sur ce site et, depuis mon arrivée, nous avons reçu une seule assistance en abris. C’étaient des bâches et du bois, distribués par une autre ONG. Seules 45 familles en ont bénéficié alors que nous étions au moins 150 familles dans le besoin sur le site.
J’ai ramassé des tiges de mil avec mes enfants pour construire de petites huttes pour mes femmes et mes enfants. La première saison de pluie qui a suivi a quasiment démoli toutes les huttes, nous plongeant dans l’inconfort et le manque d’intimité.
Il fut un moment où mes enfants n’arrêtaient pas de tomber malades l’un après l’autre. J’avais toujours peur pour mes filles quand elles sortaient la nuit, accompagnées de leurs mères pour faire leurs besoins.
Grâce à la Croix-Rouge luxembourgeoise, aujourd’hui nous avons de grandes maisons avec l’éclairage pour les abris et latrines. Je dors en paix en sachant que toute ma famille est en sécurité et à l’abri des vents de poussière, de ces personnes qui agressent les filles pendant la nuit, du froid, de la chaleur du soleil et même de certaines maladies.
Désormais, je ne crains plus pour la prochaine saison de pluie avec cet abri solide et spacieux. »