08 mars 2023
A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, nous avons rencontré Manou Hoss, membre du Conseil d’administration de la Croix-Rouge luxembourgeoise. Une interview sur les inégalités entre les sexes, le féminisme et l’éducation comme clé de la réussite.
Manou Hoss : Cette journée est un moment important qui nous rappelle que nous ne sommes pas encore là où nous pourrions être en matière d’égalité entre les femmes et les hommes. C’est une bonne occasion de réfléchir à un partage plus équitable des chances mais également des responsabilités.
Au niveau de l’égalités des chances au Luxembourg, il reste du chemin à faire notamment au niveau de la précarité des femmes qui est plus grande, au niveau financier et au niveau de l’exposition à la violence. A ce niveau, il est important de continuer à prendre des mesures concrètes contre cette plus forte exposition à la précarité. Sur la répartition inégale des responsabilités et des rôles dans les familles notamment dans la prise en charge des enfants et des aînés, un partage des responsabilités plus équitable en faveur des hommes est un important levier pour une société plus égalitaire. Notre culture et notre éducation peuvent avoir un effet bénéfique à encourager plus d’hommes à prendre librement la décision de participer plus à ce travail précieux et prendre une plus grande part de responsabilité à ce niveau.
MH : Commençons par définir la notion de féminisme. Le féminisme est fondé sur la notion claire selon laquelle les femmes ont les mêmes droits et devoirs que les hommes. La Croix-Rouge luxembourgeoise a été cofondée en 1914 par Aline Mayrisch, une femme éminente et indépendante qui s’est engagée pour les droits des femmes. Aujourd’hui, la présidente, SAR, et la vice-présidente, Rita Krombach, sont des femmes déterminées à soutenir les plus démunis, notamment les femmes. Les femmes sont nombreuses au sein de l’organisation – et ce dans tous les domaines de la hiérarchie et leur travail est fondamental tant au niveau professionnel qu’au niveau bénévole.
La Croix-Rouge s’engage pour l’égalité des sexes par le biais de différents services. Je vais en citer 3 parmi d’autres :
MH : Je crains que cet objectif ne soit pas réaliste. Culturellement, il est difficile dans de nombreux pays d’agir sur l’égalité avec des leviers efficaces. Pour parvenir à l’égalité, il faut valoriser la participation des femmes à la prise de décision dans les organisations professionnelles et politiques et assurer leur sécurité, et ce dans le monde entier. Pour cela nous avons besoin de plans d’action réalistes et concrets.
La conférence « Contre les violences basées sur le genre » du Bazar de la Croix-Rouge 2022 a mis en évidence l’importance de l’éducation, mais aussi la nécessité de prendre des décisions pragmatiques qui concernent la sécurité. En voici deux exemples concrets : Au Niger, l’emplacement des installations sanitaires dans les lieux abritant des populations déplacées doit être correctement réfléchi afin de garantir la sécurité des femmes. En République démocratique du Congo, la Fondation Panzi avec le soutien de la Croix-Rouge lutte contre les conséquences de la violence et du viol comme arme de guerre. Cet engagement pour la sécurité est important également en Europe, où les violences contre les femmes, la discrimination, le harcèlement, l’attentat à la pudeur ou encore les mutilations génitales restent également répandus. Il faut des actions concrètes et réalistes à tous ces niveaux.
Pour moi, la clé du succès est l’éducation à la fois des femmes et des hommes. Nous devons miser sur l’éducation des générations actuelles et futures et ne pas baisser les bras !
(données hors Centre de Réhabilitation du Château de Colpach)