18 juin 2021
À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, la Croix-Rouge luxembourgeoise et le Bureau européen de la Croix-Rouge appellent l’UE et les Etats membres à tirer les leçons de la pandémie de COVID-19 et à veiller à ce que les conditions pratiques de regroupement familial soient améliorées. À l’heure où les gouvernements européens assouplissent progressivement les restrictions liées à la COVID-19, des solutions concrètes afin de faciliter le rétablissement des liens familiaux sont essentielles, y compris pour les bénéficiaires d’une protection internationale. Les procédures doivent être facilitées et tous les obstacles administratifs et juridiques qui maintiennent les familles de réfugiés séparées doivent être supprimés.
Depuis le début de la crise de la COVID-19, les restrictions de voyage et autres actions de santé publique ont conduit davantage de personnes à vivre dans l’incertitude de savoir quand elles pourront revoir leurs proches. Pour les bénéficiaires d’une protection internationale en Europe, la COVID-19 a apporté encore plus d’entraves à leur droit à la vie familiale.
Les demandeurs de protection internationale et les membres de leur famille sont particulièrement vulnérables, car ils doivent souvent emprunter des itinéraires risqués pour atteindre le lieu où leur demande peut être traitée. Traditionnellement, les principaux obstacles sont les droits limités des personnes bénéficiant d’une protection subsidiaire ou d’autres formes de protection temporaire, ainsi que la définition des personnes pouvant être considérées comme des membres de la famille. Cependant, la pandémie a encore exacerbé les obstacles administratifs et pratiques persistants.
Bien que des visas aient été délivrés, ils ont souvent expiré ou ont été suspendus alors que les familles ne pouvaient pas entrer dans leur pays de destination en raison des interdictions de voyager. Même lorsque les membres de la famille ont été autorisés à voyager, ils ont souvent été confrontés à des difficultés supplémentaires liées à l’organisation de leur voyage. Dans certains cas, les fermetures d’ambassades ont rendu impossible l’introduction de demandes, l’examen des réclamations ou la réception d’informations opportunes sur l’avancement d’un dossier. Aujourd’hui, alors que les ambassades rouvrent progressivement, les retards sont fréquents en raison de l’arriéré accumulé pendant la pandémie, ce qui ajoute aux délais d’examen déjà longs. Le nombre de permis délivrés pour des raisons familiales ayant atteint un plancher sans précédent, la séparation prolongée des membres de la famille ne manquera pas d’avoir des répercussions négatives sur les perspectives d’inclusion sociale.
Le renforcement des capacités et de la coopération consulaires peut améliorer le rétablissement des liens familiaux et faciliter le traitement rapide des demandes. L’augmentation de la disponibilité des conseils juridiques, des informations et de l’aide au voyage pour permettre des procédures de regroupement familial plus justes et plus efficaces peuvent également améliorer la situation.
Cette crise sanitaire a également été l’occasion pour l’UE et les États membres d’adapter les procédures et de mettre en œuvre des réponses créatives. À titre d’exemple, des moyens numériques ont été utilisés pour permettre le traitement à distance des demandes de visa. De même, les visas qui avaient expiré en raison des restrictions de voyage ont été prolongés. Ces types d’innovations et d’approches plus souples pourraient être davantage encouragés, notamment les entretiens en ligne avec les demandeurs.
Tout au long de la pandémie, les Sociétés européennes de la Croix-Rouge ont intensifié leur travail pour prévenir la séparation des familles et protéger leur unité. En raison des mesures de distanciation sociale, elles ont multiplié les appels téléphoniques et les vidéoconférences partout où cela était possible, afin de fournir des informations, des conseils juridiques et d’autres services indispensables. Ils ont également engagé un dialogue étroit avec leurs gouvernements pour tenter de lever les obstacles rencontrés par les demandeurs de protection et leurs familles.
Une meilleure compréhension des besoins des personnes concernées, y compris dans le contexte d’une pandémie, sera déterminante pour combler les lacunes existantes et appliquer une approche axée sur la protection. Si les efforts visant à développer des voies légales d’accès à la protection dans l’UE sont les bienvenus, la promotion du regroupement familial en tant que voie complémentaire doit être assurée, dans le respect du cadre existant en la matière. Les États membres de l’UE peuvent tirer parti de toutes les solutions alternatives et flexibles utilisées avec succès pendant la pandémie. Ceci aiderait à lever les obstacles existants et faire davantage pour rationaliser et raccourcir les procédures de regroupement familial.
En savoir plus sur le travail de la Croix-Rouge luxembourgeoise dans le domaine du rétablissement des liens familiaux.